Luc Ferry : Pourquoi le véganisme est intenable


À la différence des végétariens, non seulement les végans rejettent toute consommation de viande ou de produits issus des animaux, y compris les laitages ou le miel, mais dans leur vie quotidienne, ils n’utilisent plus rien qui provienne des animaux ou qui ait été testé sur eux: ni laine, ni cuir, ni fourrure, bien sûr, mais pas non plus de produits ménagers ou cosmétiques (lessives, shampoings, savons, crèmes solaires, etc.), ni par conséquent les médicaments passés par l’expérimentation sur des animaux. Ils sont en outre hostiles à la corrida, à «l’exploitation» des animaux dans les cirques, les zoos et les Marineland, mais aussi à la possession d’animaux domestiques au motif que nous les rendons «trop dépendants» de nous.

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Pourtant, à l’encontre de ce qu’affiche le véganisme, qui prétend adopter un comportement 100 % favorable à nos amis les bêtes comme à l’environnement, cette position s’avère intenable dans la pratique. D’abord parce que si nous cessions du jour au lendemain de manger les animaux d’élevage, nous nous retrouverions face au plus grand génocide animal de toute l’histoire. Que deviendraient les vaches, les cochons, les poules et les moutons si nous ne les élevions pas pour finalement les manger?

Bien plus: puisque, selon les végans, la possession d’animaux domestiques doit elle aussi être prohibée, ce sont des dizaines de millions de chiens et de chats qui vivent dans nos maisons dont on voit mal ce qu’ils deviendraient dans un retour à l’état sauvage? Ce sont ainsi des milliards de bêtes, incapables de survivre dans la vie sauvage, qui seraient condamnées à terme, ce sont des espèces entières qui seraient vouées à une extinction, certes progressive, mais néanmoins aussi douloureuse que certaine.