François-Xavier Bellamy: Bioéthique, une fuite en avant irresponsable


Pourquoi une telle accélération? Au lendemain d’une pandémie mondiale, à la veille d’une crise économique inouïe, l’Assemblée nationale se réunit cet été en session extraordinaire. Un texte examiné en priorité: l’ouverture de la «PMA pour toutes»… Il y a des urgences qui trahissent des obsessions idéologiques plutôt qu’elles ne répondent aux besoins vitaux de la société. Ce n’est, il est vrai, pas nouveau: depuis l’annonce de cette mesure en septembre 2017, le gouvernement aura mis beaucoup d’énergie pour dissimuler, à défaut de pouvoir les résoudre, les nombreux problèmes causés par cette réforme.

Agnès Buzyn consacrait ses efforts à la question de savoir «si un homme à l’état civil pourrait devenir mère», ou comment l’Assurance-maladie pourrait rembourser une prestation en l’absence de toute maladie. Pendant ce temps, l’hôpital public traversait une crise majeure, le même gouvernement déremboursait des médicaments pour soigner la maladie d’Alzheimer, et personne ne s’occupait du fait que nos derniers stocks stratégiques de masques étaient en train de pourrir, grignotés par des rongeurs. Quelques semaines plus tard, les infirmières allaient être contraintes de se bricoler des blouses de protection avec des sacs-poubelles ; c’est qu’au moment où la pandémie explosait en Chine, notre ministre de la Santé était trop occupée en commission spéciale à l’Assemblée nationale à démêler les nœuds inextricables que sa propre réforme causait. Des difficultés susceptibles de fragiliser toute l’architecture de notre droit de la santé et de la famille… Rappelons en effet que cette mesure, au bénéfice de quelques centaines de personnes par an, représente selon le dernier avis pourtant favorable du CCNE «le risque d’une déstabilisation de tout le système bioéthique français».