“Touche pas à mon histoire !” : Signez l'appel d'Alain Finkielkraut


La France est actuellement traversée par une crise très grave qui voit certains s’en prendre aux signes visibles de notre histoire – en particulier aux statues – et militent pour leur disparition violente de l’espace public. L’affaire n’est pas nouvelle, mais cette importation du politiquement correct américain en France semble absolument désastreuse.

Nous risquons de nous lancer dans un processus qui n’aura pas de fin, qui ne pourra pas en avoir. C’est Colbert aujourd’hui, ce sera Jules Ferry demain, parce qu’il disait que le devoir des races supérieures était de « civiliser les races inférieures ». Il faut relire l’Histoire dans son contexte et ne pas projeter dans le passé nos obsessions présentes.

Arrêtons-nous un instant sur l’exemple de Jules Ferry. On le dit raciste en raison de sa volonté colonisatrice. Mais qu’est-ce que le racisme ? Le fait de river les individus à leur appartenance. Jules Ferry, à l’inverse, pense en termes de progrès : il considère que les inégalités sont temporaires et qu’il n’y a qu’une seule humanité. Il veut englober toutes les communautés humaines dans la catholicité des Lumières. On est en droit de juger ces propos condescendants ou de penser qu’ils dissimulent sous des intentions généreuses l’exploitation des indigènes ou le pillage des matières premières mais, les taxer de raciste en affirmant que toutes les cultures se valent nous empêcherait de condamner fermement — et partout — l’excision, la polygamie ou les mariages forcés.

D’autres suivront. Si on réécrit l’histoire à la lumière de l’antiracisme, on condamnera Saint-Louis qui, certes, rendait la justice sous un chêne, mais qui a aussi brûlé le Talmud en place de Grève et persécuté les juifs. Et que dire de Voltaire, qui était d’un antisémitisme ordurier ? Nous serons conduits à faire de l’histoire un procès où défile une liste interminable d’accusés.

Avec ce type de discours et de pratiques, nous n’avons aucune chance de résorber les fractures françaises. Au contraire : nous allons les aggraver, nous allons attiser les rancœurs. La France ne peut pas se le permettre. Il faut penser la nation comme un « héritage de gloires et de regrets », selon le mot de Renan, transmettre cet héritage à tous, quelle que soient les origines, afin de redonner vie au vivre-ensemble et de donner un sens à l’aventure collective.

L’histoire est œuvre de connaissance. Il faut parler de l’esclavage, mais il faut en parler dans toute sa dimension. Certes, la traite négrière est un crime contre l’humanité. Mais l’esclavage existait en Afrique, des Africains participaient aux traites. S’il y a eu 11 millions de captifs déportés dans le cadre des traites européennes, il y en a eu 17 millions dans le cadre de la traite orientale, c’est-à-dire des esclaves qui alimentaient le monde musulman. Rappeler cette évidence historique n’a pas pour but de dissoudre une culpabilité, mais il est capital d’affirmer aujourd’hui que la grande spécificité de la France et de l’Europe, ce n’est pas l’esclavage, c’est l’abolitionnisme. Alors que toutes les cultures sont souillées de crimes, seule la culture occidentale connait la douleur de la culpabilité. La civilisation européenne a la capacité de se mettre elle-même en question. C’est la tradition qui ne se satisfait pas de la tradition. Pensons à partager ce grand héritage européen, dans les heures que nous vivons, c’est absolument capital.

Emmanuel Macron a eu le courage de dire que la France ne reniait rien, qu’elle assumait tout de son passé, qu’aucune statue ne serait abattue. Il est urgent de la conforter dans sa décision.

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