Christophe Boutin et Frédéric Rouvillois : « La convention citoyenne est-elle démocratique ? »
Il en va de même avec la démocratie participative mise en œuvre dans le cadre de la Convention citoyenne. Emmanuel Macron s’étant engagé, par un «contrat moral», à soumettre «sans filtre» ses propositions au Parlement ou au peuple, un véritable pouvoir a été attribué à ce groupe de 150 personnes tirées au sort, puis sélectionnées sur la base de critères visant à reproduire en miniature «la société française dans sa diversité» - ou plutôt, ce que les initiateurs du projet considéraient comme étant cette diversité, écartant de la liste des critères ce qui leur semblait sans importance, comme la situation de famille…
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Cette opération visait à offrir à un «panel», idéologiquement orienté et encadré par les responsables de think tanks proches du président, le droit de penser, de débattre et de décider à la place des Français. Elle justifiait ainsi la mise à l’écart du peuple, seul et unique souverain dans une démocratie, en affirmant une coïncidence supposée parfaite entre la volonté de ce dernier et les choix de ceux dont on avait arbitrairement décidé qu’ils s’exprimeraient pour lui. La Convention, notait ainsi Édouard Philippe dans sa lettre de mission, avait pour but d’ «impliquer toute la société dans la transition écologique à travers un échantillon représentatif de citoyens . De l’impliquer, parce que le consensus en son sein traduirait nécessairement celui qui, quoique non encore exprimé, existerait dans notre société sur ces questions…