Sophie Coignard : La République, indépassable !
Pourtant, fêter la République et sa longévité est-il possible, honnête, lucide, sans pointer les dangers qui menacent sa vitalité ? Dans un livre intitulé On a cassé la République. 150 ans d'histoire de la nation (Tallandier), l'historien Pierre Vermeren retrace l'épopée d'un idéal qui était, sur le papier, voué à l'échec et qui a prospéré grâce aux divisions de ses adversaires, monarchistes et cléricaux, au génie de ses promoteurs, Gambetta, Ferry et Grévy, entre autres, et à quelques circonstances historiques favorables.
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La guerre de tous contre tous
« Jusqu'à la présidence de François Mitterrand, voire jusqu'au premier mandat de Jacques Chirac (1995-2002), la République et les traditions de la France d'avant faisaient illusion », écrit-il. Mais le « modernisme » sous toutes ses formes, qu'il accable pour sa mémoire courte, est passé par là et s'est engouffré dans les brèches. L'autorité, la légitimité, la citoyenneté… Tout a volé en éclats. L'éducation ne joue plus son rôle et la méritocratie est devenue un gros mot : « L'ascension sociale par le mérite pour les meilleurs est le cœur du projet républicain, et le grand acquis de la Révolution. Nous sommes alors très loin du baccalauréat pour tous tel qu'il existe de nos jours. »