EDF : les responsables et les coupables du fiasco sont à Paris, pas à Bruxelles ou à Fukushima - Par Éric Leser

Si EDF se trouve aujourd’hui dans une situation critique, l’énergéticien public le doit avant tout à l’irresponsabilité, l’incompétence et la lâcheté des gouvernements depuis près de trois décennies. « Trente ans de divagation politique » pour reprendre les termes de la Commission d’enquête parlementaire sur « La perte de souveraineté énergétique de la France ». Il faut y ajouter en parallèle et en quelques années la quasi-disparition de la culture d’entreprise et l’abaissement de la qualité des équipes.


EDF a été sacrifié depuis de très nombreuses années par les décideurs politiques à leurs intérêts du moment et soumis en permanence à des injonctions contradictoires. Affaiblie humainement et économiquement, les doutes sont nombreux aujourd’hui sur la capacité de l’entreprise publique à se redresser et à redevenir le champion du nucléaire et de la souveraineté énergétique dont le pays à un impérieux besoin. Au point que deux ans après sa nomination, l’exécutif a remplacé son président, Luc Rémont, par Bernard Fontana, le patron de Framatome, en espérant qu’il puisse être l’homme providentiel tant espéré.

Mais on n’efface pas comme cela près de trente années d’abandons. Ils ont été rythmés, entre autres, par :

-la fermeture par Lionel Jospin en 1997 de Superphénix,

-la création en 2011 par Nicolas Sarkozy et François Fillon du mécanisme absurde des prix de l’électricité de l’Arenh créant une concurrence artificielle au détriment d’EDF et dont le consommateur n’a jamais vraiment bénéficié,

-la décision en 2015 par François Hollande et Ségolène Royal de fermer 20 réacteurs nucléaires,

-la vente, toujours en 2015, des turbines nucléaires Arabelle d’Alstom à General Electric par Emmanuel Macron,

-l’abandon du projet Astrid en 2019 par le même Emmanuel Macron,

-et la fermeture, toujours par Emmanuel Macron et Élisabeth Borne, de la centrale de Fessenheim en 2020.