«Dans sa grande majorité, le peuple iranien attend qu’Israël renverse au plus vite le régime des mollahs» - Par Emmanuel Razavi
Alors que la guerre fait rage depuis le 13 juin entre Téhéran et Tel Aviv, le peuple iranien, malgré sa peur des bombardements, partage un ennemi commun avec l’État hébreu : la République islamique d’Iran, explique le spécialiste du Moyen-Orient Emmanuel Razavi.
Franco-iranien, Emmanuel Razavi est grand reporter et spécialiste du Moyen-Orient. Il a publié La Face cachée des Mollahs : le livre noir de la République islamique d’Iran (Cerf, 2024).LE FIGARO. - Comment la société iranienne perçoit-elle l’escalade militaire avec Israël, depuis le 13 juin ?
Emmanuel RAZAVI. - Ces derniers jours, les Iraniens vivent dans l’angoisse des bombardements. Une angoisse mêlée de fatigue. Pour échanger régulièrement avec du monde sur place, je sens un épuisement profond. Mais ils sont partagés entre la peur et l’espoir. Ils font passer des messages sur les réseaux sociaux pour manifester le fait qu’ils ont un ennemi commun avec Israël : la République islamique d’Iran. Dans sa grande majorité, le peuple iranien souhaite des rapports pacifiés avec l’État hébreu. Ces deux peuples frères ont un passé de 2600 ans. Malgré l’incertitude que fait peser la guerre, les Iraniens attendent qu’Israël renverse au plus vite le régime des mollahs. Ils se demandent également, avec inquiétude, si les États-Unis vont à leur tour frapper l’Iran.
Mais les mollahs comptent encore des soutiens en Iran. On appelle souvent les « rentiers du régime » ceux qui vivent grâce à l’argent du régime par le biais d’un proche qui travaille dans le corps des gardiens de la révolution, la milice civile, l’administration civile, etc. Ces gens-là considèrent que l’Iran est scandaleusement agressé, mais ils représentent une minorité d’Iraniens.
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