La Russie est-elle expansionniste ? - Par Jean-Robert Raviot
La Russie a-t-elle renoué avec l’impérialisme de la Russie d’avant 1917 et de l’URSS ? Animé d’un réflexe néo-impérialiste s’appuyant sur des ressources capitalisées à la faveur du regain de puissance et de prospérité de la Russie, le maître du Kremlin a-t-il chaussé les bottes de ses prédécesseurs ? Après l’Ukraine, prépare-t-il d’autres aventures expansionnistes ? Face aux velléités ataviques d’un voisin imprévisible, l’Europe n’est-elle pas tenue à un réarmement massif ?
Article paru dans le N°57 de ConflitsJean-Robert Raviot, professeur en études russes et post-soviétiques à l’université Paris Nanterre, auteur du Logiciel impérial russe (L’Artilleur, 2024) et de Vladimir Poutine et la Russie (Frémeaux et associés, 2025)
Dans son adresse aux Français du 5 mars 2025, le président Emmanuel Macron a présenté la Russie comme une menace existentielle pour la France et l’Europe. Trois ans après le début de la guerre, « qui peut donc croire que la Russie d’aujourd’hui s’arrêtera à l’Ukraine[1] ? ». En mettant l’accent sur la menace russe, Emmanuel Macron reprend le fil d’une argumentation construite par les milieux néoconservateurs américains et britanniques dès le début des années 2000, consécutive de l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir à Moscou, du boom économique de la première décennie du millénaire et du regain de puissance de la Russie sur la scène internationale. Après le changement de pouvoir en Ukraine et l’annexion de la Crimée par la Russie au printemps 2014, cette perception de la Russie comme menace existentielle pour l’Europe et l’Alliance atlantique a pris corps au sein des élites dirigeantes et des opinions publiques de l’ensemble des pays de « l’Occident collectif », pour reprendre l’expression russe désormais consacrée. Elle s’est largement imposée après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022. La Russie a-t-elle renoué avec l’impérialisme de la Russie d’avant 1917 et de l’URSS ? Animé d’un réflexe néo-impérialiste s’appuyant sur des ressources capitalisées à la faveur du regain de puissance et de prospérité de la Russie, le maître du Kremlin a-t-il chaussé les bottes de ses prédécesseurs ? Après l’Ukraine, prépare-t-il d’autres aventures expansionnistes ? Face aux velléités ataviques d’un voisin imprévisible, l’Europe n’est-elle pas tenue à un réarmement massif ?